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RDC : Nouvelle Disposition De L’opposition Avec Le Retour De JP Bemba

Jean-Pierre Bemba est de retour à Kinshasa !

Après 11 ans en exil, Jean-Pierre Bemba, ex-vice-président congolais et personnalité très connue dans la capitale Kinshasa revient au pays. Il a la ferme intention d’être candidat à la présidentielle de décembre.

Mercredi 1er août 2018, Jean-Pierre Bemba est revenu à Kinshasa. Plusieurs milliers de Congolais en liesse s’était rassembler pour l’accueillir, après 11 ans d’exil. Dans la capitale congolaise, on n’avait plus assisté à un rassemblement pareil depuis 2 ans, en 2016 où Joseph Kabila, arrivé en fin de mandat, avait reporté l’élection présidentielle. Aussitôt arrivé, l’ex-vice-président s’est dirigé vers le siège de son parti, le Mouvement pour la Libération du Congo (MLC). Pour lui frayer un chemin, la police avait dû tirer des gaz lacrymogènes pour disperser la foule amassée près de l’aéroport et dans le quartier de Limette.

Les cartes de l’opposition seront rabattues !

Avec le retour de cette grande personnalité de l’opposition du RD Congo, les rôles politiques devraient être réattribués dans un pays. Les élections générales auront lieu dans 5 mois. En juin dernier, la Cour pénale internationale avait acquitté Jean-Pierre Bemba qui avait été incarcéré à la Haye, pendant 10 ans. Il était en prison pour des exactions dont sa milice s’était rendue coupable en Centrafrique en 2002-2003. Déjà en juin, Félix Tshisekedi, leader du « Rassemblement », la principale coalition d’opposition comprenant une dizaine de partis, s’était confié. Il avait affirmé : « Son retour sur la scène politique congolaise sera sans nul doute un renfort considérable pour le camp de l’alternance ».

Pierre Jacquemot, ex-ambassadeur de France en RD Congo et chercheur associé à l’IRIS a éclairci les choses. Il a dit : « Le problème de l’opposition est son éclatement et le caractère régional des supports que chacun peut incarner. Jean-Pierre Bemba a pris tout le monde de court avec son retour. Il a incontestablement une grande notoriété qui va au-delà de son fief, la province de l’Équateur, notamment à Kinshasa. C’est un homme très puissant, qui a des moyens financiers, il est fort en gueule, violent, mais se fait fort d’avoir mis de l’eau dans son vin. S’il se présente à l’élection, il mettra à mal tous les autres candidats ».

« Il faudra qu’on se regroupe » !

Le MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba avait perdu toute influence après le départ en exil de son leadeur. Mais il n’a pas rejoint le « Rassemblement ». Néanmoins, Jean-Pierre Bemba qui affirme être une nouvelle personne, après ses 10 ans passés derrière les barreaux a affirmé qu’il voulait une « union ». Samedi dernier, depuis Bruxelles où vit sa famille, il avait affirmé : « Si nous voulons opérer le changement dans ce pays, il faudra qu’on se regroupe. On n’a pas le droit d‘y aller en rangs dispersés. Il faut donc dialoguer, se mettre ensemble ».

Jean-Pierre Bemba, dont le dépôt de candidature officiel est prévu pour le 2 août 2018, soutient qu’il faudra avoir un candidat unique pour l’opposition. Ce candidat devra être un rassembleur et un porte-parole de tous les partis d’opposition afin de combattre le camp de Kabila à la présidentielle de décembre 2018. « Si ça ne devait pas être moi, je soutiendrai toute personne qui aura la capacité de pouvoir réunir l’ensemble de l’opposition pour pouvoir changer de gouvernance dans ce pays », dit-il. Mais dans le même temps, il dit qu’il est le seul suffisamment fort pour affronter Kabila. Pierre Jacquemot a expliqué : « En réalité, il voit mal quelqu’un d’autre que lui être ce candidat unique. Il a été vice-président du pays, il s’inscrit dans une certaine continuité politique depuis la mort de Laurent-Désiré Kabila [père de Joseph Kabila et ancien président, NDLR]. Il a été présent sur l’échiquier politique, ce qui n’est pas le cas des autres qui étaient soit trop jeunes, soit dans leurs propres affaires ».

Jean-Pierre Bemba a toujours traîné dans les rouages du pouvoir congolais !

Son père fut Jeannot Bemba Saolona, l’un des plus grands hommes d’affaires congolais post-indépendance. Clui-ci était un grand ami de l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko à l’époque du Zaïre de 1965 à 1997. Avant d’être emprisonné, Jean-Pierre Bemba avait joué un grand rôle dans la construction de la RD Congo de Joseph Kabila. Originaire de la province de l’Équateur, ancien fief de Mobutu, il s’était battu contre les troupes de Joseph Kabila avec sa puissante milice qu’il avait créée avec le soutien de l’Ouganda voisin, jusqu’en 2002. En 2003, il est devenu vice-président du gouvernement de transition et d’union nationale, et après la deuxième guerre du Congo en 2006, il est devenu ministre de l’Économie et des Finances. En 2010, au second tour de la première élection présidentielle démocratique en RD Congo, il a obtenu 42 % des voix qui lui sont venus de l’Équateur et de Kinshasa. Il a alors accepté sa défaite, mais refuser de reverser les hommes de sa garde personnelle dans l’armée régulière, ce qui a entraîné des violences meurtrières dans la capitale et l’a forcé à s’exiler.

Pas de programme original !

Maintenant, Jean-Pierre Bemba passe sous silence la violence dont il a fait usage contre le président Kabila par le passé. Il notifie juste à ce dernier qu’il doit respecter la constitution et quitter le pouvoir en décembre prochain. Cependant, l’ex-chef de guerre lance des critiques très acerbes contre les mandats de Kabila. Il a souligné : « Après 10 ans, je trouve la politique congolaise désolante. La classe politique n’a pas répondu à ce que la population attendait, c’est-à-dire défendre ses intérêts. Ce que je constate, c’est une course au pouvoir ».

L’ex vice-président a déjà révélé une partie de son programme pour l’élection de décembre. Il surfe sur son expérience en matière de rétablissement de la sécurité pendant la guerre à fin de calmer les tensions en Ituri, dans les Kasaï et les Kivu. Certes, par le passé, ses troupes ont été accusées d’exactions sur la population à l’époque. Mais il affirme maintenant qu’il est l’homme qu’il faut pour « ramener l’ordre et remettre la population au travail. Il pense pouvoir redistribuer richesses du pays à la population, et mettre en place un programme ambitieux de lutte contre la corruption ». Ce programme n’a rien de bien différent de ceux des autres candidats. Pierre Jacquemot a aussi dit : « La particularité du système congolais, c’est qu’il n’y a pas de programme à proprement parler, pas de clivages politiques et idéologiques fort. Les critères se font plutôt sur les personnalités ». Mais précisons que Jean-Pierre Bemba est en bonne posture de ce point de vue, en raison de son expérience politique au niveau national.

Des lois susceptibles de l’empêcher d’être candidat !

On devine déjà que le futur candidat de l’opposition n’aura pas la vie facile. D’après le pouvoir en place : « Sa candidature pourrait tomber sous le coup de l’article 10 de la loi électorale ». Selon cet article, les personnes condamnées pour corruption sont « inéligibles ». La CPI avait aussi condamné Jean-Pierre Bemba pour « subornation de témoins ». Cette condamnation n’a pas été cassée. Aussi, il est en attente de sa peine définitive, qui pourrait l’handicaper, voire le paralyser dans sa course au pouvoir.

Jean-Pierre Bemba a aussi la lourde tâche de réussir à faire asseoir les principales figures de l’opposition. La principale personnalité de cette opposition reste Étienne Tshisekedi qu’il a prévu de rencontrer. Moïse Katumbi, le troisième homme fort qui est aussi parti en exil depuis 2 ans a annoncé qu’il reviendra en RD Congo le vendredi prochain. La date limite de dépôt de candidature pour l’élection de décembre 2018 est le 8 août. On n’est cependant pas sûr qu’il revienne. En effet, en 2016, il avait été condamné pour fraude dans une affaire qu’il dit que c’est un montage. La justice congolaise prévoit donc de l’arrêter. Cependant, dans le cas où Moïse parvient à rentrer dans son pays et à déposer sa candidature, la situation politique sera encore plus bouleversée. En fait, il jouit aussi d’une grande popularité hors du pays et dans sa province, le Katanga.

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