Il aurait fallu venir sans lui. Diego Maradona a fait son one-man-show dans les gradins lors du dernier match de poule de l’Argentine où l’Albiceleste s’est qualifié in extremis pour les huitièmes de finale. Il a un peu gâché la fête. L’ancien N°10 argentin a vécu toutes les émotions possibles. Il avait même dansé avec une supportrice nigériane juste avant le début de la rencontre. Il a célébré le premier but de Messi d’une manière christique, ensuite vers la pause, il s’est endormi et enfin, sur le deuxième but de son équipe, il a fait des doigts d’honneur. Plus tard, Maradona a fait un tour à l’hôpital avant de prendre un vol pour se rendre à Kazan pour suivre le match de l’Argentine contre la France, le 30 juin. Va-t-il faire un autre show ce soir ?
Maradona la girouette !
Maradona n’a jamais cessé de s’impliquer dans les affaires du football argentin, même après sa retraite. Nicolas Cougot, rédacteur en chef du site Lucarne opposée et spécialiste du foot argentin a dit à sa manière : « Diego, c’est Diego. C’est le genre de personne qui peut dire une chose aujourd’hui et défendre de la même façon son contraire le jour d’après. Par exemple, durant ce Mondial, il a retourné sa veste, pardon, son sombrero, quand il a affirmé qu’il était avec le Mexique peu avant le début du match de l’Argentine, mais durant le match, il était fou en supportant l’Albiceleste ».
Regardez par exemple ses liens avec Léo Messi, celui qu’il désigne comme son héritier, qui a un grand mal a livré de belles performances quand il joue dans l’Albiceleste, comme il le fait au Barça. Il l’avait désigné comme son héritier en 2006 : « C’est lui qui me remplacera dans le foot argentin ». En 2008, il l’incendiait : « Messi joue uniquement pour lui-même parfois. Il se met tellement au-dessus de la mêlée qu’il oublie qu’il a des partenaires ». Il avait vite fait de ravaler ces paroles un mois plus tard, quand il est devenu coach de l’équipe nationale. La Pulga devait alors être mise dans les conditions adéquates : « Le meilleur joueur du monde joue avec nous ».
Maradona a été démis de ses fonctions en 2010, après avoir perdu les quarts de finale 0-4 face à l’Allemagne. Et là, il est redevenu l’électron libre qui fait les unes : « Messi est un joueur de Playstation », avait-il écrit dans son autobiographie, à la fois élogieuse et critique. Le ton est monté d’un cran en 2015 : « Nous avons le meilleur joueur du monde qui est capable de marquer 4 buts face à la Real Sociedad, mais qui ne peut concrétiser une seule occasion en équipe nationale ». En 2016, il disait lors d’une conversation avec Pelé, suffisamment fort pour que les caméras puissent capter : « Messi n’a aucune personnalité ». Maradona critiquait son héritier qui n’était pas à la hauteur de la légende de Diego. Au passage, il parlait de sa propre personne à la troisième personne.
« Un fan envahissant qui peut parfois devenir gênant » !
La vie de Diego ne peut cesser d’avoir un lien avec celle de l’Albiceleste. « Maradona a vu le jour dans un bidonville. Il a vécu dans un chaos total, voire dans de l’anarchie. Le romancier Eduardo Sacheri, auteur d’un conte à la gloire de celui qu’on surnommait « El Pelusa », « le Bouclé » commente : « Les hauts, les bas, l’ombre, la lumière ». Les Argentins accordent beaucoup de crédits à ces choses. Messi sera une idole s’il gagne la Coupe du Monde. Mais une chose est sûre, il n’aura jamais un lien aussi passionné avec ses fans ». À 74 %, le peuple Argentin était pour la nomination de Maradona à la tête de l’Albiceleste, mais le « Pibe de Oro » (le Gamin en or) avait le CV d’un coach de troisième division. Une de ses premières frasques lui a valu une suspension de 2 mois : il avait demandé aux journalistes de le sucer en joignant le geste à la parole.
Cependant, quand Diego a tenté de reprendre la tête de la sélection après le Mondial 2014, il n’y avait plus grand pour le soutenir. Roy Niemer, du site Mundo Albiceleste, qui suit le foot argentin a précisé : « Les gens aiment le joueur qu’il a été, ils le vénèrent même. Cependant, ils ont appris à discerner ce qu’il a fait de ce qu’il dit. La majorité des gens le considère maintenant comme un fan envahissant qui peut parfois devenir gênant ». C’était par exemple le cas à la fin du match Argentine-Nigeria où il avait levé ses majeurs bien haut. Grâce à cela, il a eu droit à une demi-douzaine d’articles sur le site spécialisé Olé. Ça prouve bien qu’on s’intéresse encore à lui. Mais c’est beaucoup plus ce qu’il fait qui intéresse et non ce qu’il dit.
Cinq polémiques en 2014, déjà trois cette année !
Avec ses entretiens qui coûtent une petite fortune, Diegito est de moins en moins vu dans les médias argentins. Nicolas Cougot confie : « Les Argentins respectent énormément la parole des anciens joueurs, mais quand ils cherchent du fond, les journalistes préfèrent se tourner vers César Luis Menotti (coach des champions du monde 1978) ou même vers Claudio Caniggia (attaquant de l’Argentine entre 1987 et 2002) ».
Les politiques s’intéressent toujours à ce que dit Diego Maradona qui a des problèmes avec les instances du football argentin et a perdu toute valeur aux yeux des fans argentins. C’était sûrement Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine qui avait aidé Maradona à être nommé coach de l’équipe en 2008. Maradona était aussi aux côtés de Cristina Kirchner avec un large sourire en 2009, pour la soutenir quand elle a choisi de nationaliser les droits du foot. Après le désastreux Mondial 2010, quand il a été viré, chez qui, croyez-vous qu’il est allé pleurer ? Mais maintenant de ce côté, il n’a plus grand soutien. L’actuel président argentin Mauricio Macri dont il a fait la connaissance à Boca Juniors ne s’est jamais affiché avec lui. Cela est certainement dû aux sympathies chavistes de Maradona (le populisme de gauche incarné par Hugo Chavez, puis Nicolas Maduro au Venezuela).
Maradona a créé tellement de polémiques lors du Mondial 2014, que ce record reste encore inégalé. Maradona qui était l’envoyé spécial de la chaîne vénézuélienne TeleSUR en 2014, avait créé 5 polémiques. Et il a fait tout ça pendant que l’Argentine s’était qualifiée pour la finale. Lors de ce Mondial 2018, c’est la FIFA qui lui offre des places VIP dans les tribunes grâce à son improbable amitié avec le président Gianni Infantino. On a eu droit à 3 polémiques : son geste jugé raciste lors du match face à l’Islande, son cigare dans la tribune non-fumeur du stade du Spartak à Moscou et les fameux doigts d’honneur.
Attention, peu de chose lui suffit pour faire de grosses conneries. Quatre plus tôt, il n’avait pas assisté au but dans les arrêts de jeu d’un match de poule crispant contre l’Iran. Julio Grondona, président de la fédération à l’époque, avait commenté : « Le chat noir a quitté le stade à temps et comme par magie, nous avons gagné ». Quatre ans plus tôt, El Diez avait servi, une réplique face à ses doigts d’honneur. Visiblement, la répartie n’est pas son point fort.
La respuesta de Maradona a Grondona q le dijo q era mufa y por eso hizo el gol @Argentina cuando se fue de la cancha: pic.twitter.com/IHzYoh0vl2
— Saris Bello (@sarisbello) 22 juin 2014
Source : Francetvinfo.fr