Le président des jeunes du RHDP, Tilkouété Dah Sansan a bien voulu donner son point de vue sur les actus politiques les plus chaudes du moment. Le député de Bouna a parlé de Simone Gbagbo, de Guillaume Soro, du PDCI qui tente de contester les résultats des municipales, du pari du Président Alassane Ouatara de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant en 2020. Mais il a également parlé du mauvais de Fabrice Sawegnon comme candidat RHDP à la Mairie du Plateau.
M. Dah Sansan, quel bilan fait le RHDP des élections locales ?
Nous sortons d’élections locales qui ont vu de nouveaux conseillers généraux et maires débuter leur mandat. Au niveau du RHDP, nous sommes satisfaits de nos performances parce que ces élections démontrent que notre parti est la première formation politique de Côte d’Ivoire, donc un parti leader pour le rayonnement de la Côte d’Ivoire est né.
Ces élections sont cependant contestées dans plusieurs localités. Le scrutin, a-t-il été transparent ?
Les contestations d’après-élections sont des choses normales. Nous souhaitons cependant que celles-ci restent dans un cadre purement légal, un cadre qui respecte les règles démocratiques et l’état de droit. Elles ne doivent se faire que devant les institutions habilitées à trancher de ces sujets. Elles analyseront les preuves qu’apportent les contestataires avant de prendre les décisions qui s’imposent à tout le monde.
Le RHDP a encouragé la candidature de Fabrice Sawegnon au détriment, M. Ouattara Dramane. Avec la défaite de M. Sawegnon, n’est-ce pas un désaveu ?
Lorsqu’un parti politique fait le choix de ses candidats à présenter à des élections, il se base sur des critères qui lui sont propres. Je vois que vous parlez plutôt d’échec du RHDP au Plateau. C’est justement l’occasion pour moi de vous ramener à votre question sur les contestations de certains. Lorsqu’on perd des élections, il faut savoir reconnaître sa défaite pour ainsi permettre à la démocratie de fonctionner. C’est donc aussi pour vous dire que toutes ces personnes qui font des contestations dans les rues sont de mauvaise foi. Ce sont des personnes qui ne sont pas prêtes à accepter leurs défaites, et pourtant, il faut bien le faire comme l’a fait Fabrice Sawegnon.
Où en est-on avec la réforme de la CEI réclamée par plusieurs partis politiques ?
Ce ne sont même pas les partis politiques qui réclament cette réforme. Notons que notre opposition manque de matière première. Ces éléments sur lesquels ces opposants restent bloqués, ne font même pas avancer la démocratie ni l’État en Côte d’Ivoire. Un parti d’opposition doit avoir le souci de proposer des réformes au pouvoir en place pour faire avancer les choses.
Nous notons avec beaucoup de regrets que notre opposition manque de matière première, ne fait pas preuve de créativité. La question de la réforme de la CEI a déjà fait l’objet d’une intervention du président de la République. Il a lui-même fait savoir qu’il y aura une analyse de cette CEI avant les élections de 2020. Ce n’est donc plus un sujet majeur qui doit concentrer en lui des tensions.
Alors pourquoi n’a-t-on pas reformé la CEI avant les élections locales et pourquoi veut-on attendre 2020 ?
Pourquoi voulez-vous qu’on reforme la CEI dans la précipitation ?
Parce que cette réforme est une demande des partis politiques.
N’est-ce pas ces mêmes partis politiques qui ont formé un consensus autour de cette CEI à sa mise en place après les accords de Linas-Marcoussis ? Et quand le Président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, avant d’aborder les autres élections, nous avons estimé que les raisons qui existaient au moment de la formation de cette CEI n’existant plus, il fallait absolument l’adapter aux nouvelles réalités.
Ce qui a été fait avec le concours de tout le monde sur la base d’un consensus. Toutes les formations politiques sont représentées au sein de la CEI. Aujourd’hui, curieusement, parce que certaines personnes ont d’autres ambitions, notamment celle d’être président en 2020, on se souvient subitement que la CEI qui était consensuelle ne l’est plus et qu’il faut la reformer.
De toute façon, le Président Ouattara n’a aucun problème à reformer cette CEI. Poser la question « pourquoi la modification n’a pas été faite avant les élections municipales », c’est oublier le point du calendrier puisqu’il aurait fallu faire toutes les tractations qui s’imposent pour aboutir à une nouvelle CEI.
Dans tous les cas, cette CEI aura de nouveaux visages. Le Président Alassane Ouattara l’a dit, nous attendons que les choses se fassent. Mais simplement, que les uns et les autres se soucient de respecter les règles. Que les gens comprennent le fonctionnement des institutions, c’est fondamental. Il ne s’agit pas de reformer la CEI juste pour faire plaisir à des personnes.
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Koné Zacharia, un officier de l’armée ivoirienne, a fait campagne arme à la ceinture, à Vavoua pour le RHDP. Les preuves sont nombreuses, y compris sur internet. Trouvez-vous son agissement normal ?
Vous savez, ce que vous appelez preuves sur Internet, ce type de preuves peuvent s’obtenir de diverses manières. Il faut vérifier l’authenticité de ces preuves.
Dans le cas où les faits seraient réels, comment les apprécieriez-vous ?
Du moment qu’il n’y a pas de preuves formellement authentifiées par les services compétentes, je n’ai pas à faire de commentaires sur un débat qui pour moi n’existe pas. Vous êtes journalistes, vous savez qu’il faut à un politique des faits avant de prendre position et à vous journalistes avant de faire vos analyses.
Est-ce juste de dire que le divorce entre le PDCI et le RHDP est total ?
Le RHDP a été créé pour favoriser le rassemblement de l’ensemble des Ivoiriens, renforcer la cohésion sociale en Côte d’Ivoire, ce qui sera le point d’achèvement de la réconciliation. Quand on est engagé dans un tel processus, l’on se retrouve toujours dans une position de gestion parce que le but n’est pas d’aller vite en besogne. Cependant, si certaines personnes pensent qu’elles peuvent mieux faire ou qu’elles se sentent indispensables, nous au niveau du RHDP, nous avons les moyens de prouver que nul n’est indispensable en Côte d’Ivoire et que la politique du Président Alassane Ouattara est comprise par la majorité des Ivoiriens.
Les Ivoiriens aspirent aujourd’hui au rassemblement, ils veulent une protection des acquis de la politique du Président Alassane Ouattara, tout le monde souhaite une élection présidentielle dans le calme en 2020, le besoin de sérénité est réel et l’envie de voir le pays parmi les états émergents est grande. On n’a donc pas de temps à perdre avec des débats sans fin qui n’avancent personne à rien.
Souhaitez-vous toujours un retour du Président Henri Konan Bédié dans la coalition RHDP ?
L’idéal pour nous est de parvenir à rassembler toutes les grandes forces vives de la nation ivoirienne. Le RHDP étant le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, nous pensons qu’Henri Konan Bédié est un houphouëtiste. Maintenant s’il démontre le contraire, les houphouëtistes se réuniront sans lui pour l’avancée de la Côte d’Ivoire.
Au RHDP, comment voyez-vous Soro Guillaume aujourd’hui ? Un des vôtres ou un adversaire ?
Nous ne parlerons pas d’adversaire. Il est trop tôt pour parler de lui comme un adversaire. Guillaume Soro est un des membres-fondateurs du RHDP. Il est suffisamment courageux et donc lorsqu’il ne se sentira plus RHDP, je crois qu’il le dira ouvertement.
Lors des élections locales, certains de ses proches anti-RHDP ont été candidats, avec sa caution indirecte. Quel est ce désordre si tel est qu’il est toujours RHDP ?
Je veux bien croire qu’il n’a cautionné aucune candidature indépendante. Mais sur la base de vos déclarations, s’il avait effectivement encouragé des candidatures indépendantes contre des adversaires RHDP, je dirais alors que c’est un manque de courage politique de sa part. Avec tout ce que le Président Alassane Ouattara a fait pour chacun d’entre nous cadres Rhdp, il ne serait pas loyal que l’on pose contre lui ce type d’actes.
Moi, je vous prends aux mots pour dire que s’il a vraiment soutenu des candidats contre des listes RHDP, ce serait pour moi un manque de courage de sa part.
Il semblerait qu’une demande de clarification de ses positions ait été faite à Guillaume Soro ?
Vous dites : il semblerait et vous me demandez si c’est vrai.
Oui, parce que vous êtes cadre du RHDP et donc bien informé sur ce parti politique ?
Bon si vous dites « il semblerait », on va rester dans « il semblerait ». Mais l’idéal pour nous, et je l’ai dit pour le Président Henri Konan Bédié, c’est le moment pour nous de rassembler toutes nos forces pour bien aborder les élections de 2020. L’appel à la clarification des positions de tous les cadres est donc important. Il est important qu’on lui demande, comme à chaque cadre, de clarifier sa position.
D’ailleurs, même si cela n’a pas encore été fait, il est important que très rapidement le Président Alassane Ouattara, en tant que patron du RHDP, fasse asseoir l’ensemble des cadres du parti pour les engager résolument dans l’atteinte des objectifs de 2020.
Il n’est pas question que l’on ait des cadres au RHDP dont on ne connaît pas l’orientation où que l’on doute de la sincérité. Les temps sont proches et nous n’avons plus de temps à perdre. Soit on est au RHDP et on travaille conformément aux principes du parti, ou alors on n’y est pas et là, on prend le courage d’aller faire ce que l’on a envie de faire ailleurs. Autrement, il n’est pas acceptable de s’asseoir sur un siège et faire le contraire de ce qui est attendu de son titulaire.
À vous entendre, on est frappé par votre insatisfaction de l’engagement de Guillaume Soro au RHDP.
Nous sommes dans une maison et dans une famille, il peut y avoir quelques grincements de dents à l’égard d’un frère ou d’une sœur, mais cela ne fait pas de nous des ennemis. Le rôle du père est de parler aux enfants pour concilier les positions. Celui qui pense qu’il a les moyens de sortir du village pour s’installer ailleurs fait comme il veut.
Comptez-vous rendre visite à Mme Simone Gbagbo pour rester dans la démarche d’apaisement du Président Ouattara ?
Il n’y a aucun problème à ce que la jeunesse du RHDP rencontre l’ex-première Dame Simone Gbagbo. Notre patron le Président Alassane Ouattara, en la faisant libérer, montre le chemin qui mène à l’apaisement. Donc il n’y a pas de problème à ce que la jeunesse suive.
Cependant, nous sommes sur un terrain politique où nous observons beaucoup avant de faire le moindre pas. Le président de la République, à travers cet acte, a beaucoup donné et je crois qu’il est en droit d’attendre beaucoup. Dans ce monde du donner et du recevoir, lorsque tu donnes sans recevoir, tu dois réfléchir. Pour notre part, nous sommes en train d’observer les actes que les uns et les autres qui ont bénéficié de la clémence du chef de l’État vont poser. C’est ce qui va déterminer notre comportement vis-à-vis de ces personnes. Autrement, sur le principe, nous n’avons aucune objection. Cependant, nous n’avons pas envie de poser des actes gratuits.
Depuis sa sortie de prison, Simone Gbagbo reste assez modérée dans ses propos. N’est-ce pas une façon de renvoyer l’ascenseur au Président ?
Nous avons effectivement constaté le bon ton qui émane de ses propos contrairement à M. Lida Kouassi. Mais vous savez, elle a beau être bien inspirée, l’entourage peut influencer certains actes qu’elle est amenée à poser. Tous ces éléments nous obligent à la patience pour éviter une éventuelle désillusion.
Vous êtes député de Bouna. Quel est votre bilan à ce jour ?
Le rôle d’un député est de voter des lois et faire des recommandations ou si vous voulez faire des propositions. Dans cette mission, je me sens utile, modestement, à l’Assemblée nationale. Tout le monde sait que Bouna était régulièrement dans les faits-divers pour des violences entre ses communautés. Aujourd’hui, nous sommes très loi de ces violences. Nous avons posé des actes depuis l’hémicycle, des actes qui ont permis de ramener la paix à Bouna. Après, je ne vais pas citer ici ce que mon équipe et mois avons fait, l’idée n’est pas d’attirer sur nous une quelconque couverture. Mais très clairement, nous avons servi et continuons de servir l’intérêt de nos populations de Bouna.
L’émergence de la Côte d’Ivoire en 2020, vous y croyez toujours ?
Le Président avait annoncé l’horizon 2020. À 2 ans de 2020, l’on constate, de l’avis de tous les bailleurs de fonds, que la Côte d’Ivoire est un pays clé. À deux ans de 2020, la Côte d’Ivoire fait partie des économies les plus performantes du continent. Il y a eu création de beaucoup d’emplois, et l’aspect social reste un facteur important. Le dernier discours du Président Alassane Ouattara annonce un véritable plan social. C’est pour dire que tous ces éléments, qui entrent en ligne de compte, participent à tendre vers l’émergence. Maintenant, s’il y a des gens qui attendent qu’on décrète l’émergence, c’est à ce moment-là qu’on risque d’avoir un problème, parce qu’il y aura toujours des gens pour dire qu’ils ne mangent pas à leur faim alors qu’une amélioration est perceptible au niveau de la classe politique et dans la société ivoirienne.
Certains Ivoiriens reconnaissent au Président Ouattara ses réalisations de ponts et routes. Mais ils disent qu’ils ne mangent pas les routes. Vous leur répondez quoi ?
Déjà, on n’a jamais dit à personne de manger des ponts ou les routes, mais plutôt de passer sur les routes et les ponts pour aller chercher leur pain quotidien.
Plus sérieusement, le Président Ouattara est dans le rôle le moins aisé. Tout le monde tire sur lui. Même ceux qui avaient l’occasion de faire des choses et qui n’y sont pas parvenus le critiquent, tout simplement parce que c’est lui qui est aux affaires.
Mais nous qui vivons en Côte d’Ivoire et qui avons des yeux pour voir savons qu’il s’est passé quelque chose de positif dans la vie des citoyens de ce pays ces dernières années. Lorsqu’on jette un regard objectif sur le développement de la Côte d’Ivoire, dire qu’on ne mange pas des ponts, je ne connais pas la catégorie d’Ivoiriens qui tient ce type de propos, mais tout le monde sait que les routes précèdent le développement.
La route te fait gagner du temps. Elle te permet de transporter ton cacao, ton café, ton anacarde. Cela te permet de gagner de l’argent. La route facile l’installation des infrastructures. S’il est vrai qu’on ne mange pas la route, il faut noter que la route fait manger. Dire que le président n’a pas atteint son objectif à ce niveau-là ne peut que relever d’une mauvaise fois parce que la pauvreté dont on parle, cher frère, qu’est-ce que c’est ? Là, il y a un partage de la croissance. Lorsque vous êtes dans un village reculé qui ne connaissait pas l’électrification, mais qu’un bon matin la population est surprise par un éclairage public, vous n’avez plus besoin de parcourir des kilomètres pour avoir rien qu’une glace, de l’eau fraîche. Quand tu peux être dehors dans ton village jusqu’à tard dans la soirée dans des rues éclairées, la satisfaction intérieure que tu ressens, n’est-ce pas cela aussi des signes du développement ?
Le PDCI a engagé des avocats français Me Emmanuel Marsigny et Me Romain Dupeyré, de grosses pointures du barreau de Paris. Un commentaire ?
Il n’y a, en principe, aucun problème à engager des avocats. Cependant, c’est la raison de leur engagement qui est curieuse. Des avocats venus de si loin pour une question électorale locale ? Quel gâchis ! Somme toute, on peut se donner une idée du PDCI formaliste qui veut se faire peur. Un peu de courage quand on est le premier à attaquer.
Votre mot de la fin à la classe politique ivoirienne.
Je voudrais dire aux politiciens ivoiriens, surtout à l’opposition, qu’il faut qu’elle fasse preuve de plus de créativité dans son offre afin qu’elle puisse participer à l’amélioration de la vie des Ivoiriens. Elle doit être force de proposition. C’est le rôle d’une opposition. Il faut que les débats politiques qu’elle engage apportent quelque chose à l’évolution de la Côte d’Ivoire. Plus personne n’a besoin de débats qui feraient reculer le pays. Que la résurgence de propos xénophobes de ces derniers temps, des propos de division et surtout la violence qu’est en train d’apprendre le PDCI ces derniers temps n’ont rien de ce qu’on peut attendre d’une opposition.
Lorsque nous étions ensemble, le Président Felix Houphouët-Boigny nous a enseigné la non-violence politique. Si son parti veut aujourd’hui se mettre avec des formations violentes comme le FPI…
Considérez-vous le FPI comme un parti violent ?
Oui bien sûr ! Si le PDCI décide d’adopter un comportement violent comme celui que nous observons aujourd’hui à Grand-Bassam, c’est bien regrettable. Nous au niveau du RHDP, nous sommes très soucieux du rassemblement des Ivoiriens. En fait, il n’y a que de cette façon que la Côte d’Ivoire pourra réellement se développer. On ne se lassera pas d’œuvrer à ce qu’il y ait la paix en Côte d’Ivoire.