Les proches conseillés de l’ancien président américain ont annoncé que ce discours était pour lui, le plus important depuis qu’il a quitté la sphère politique américaine.
Cette semaine, l’Afrique du Sud célèbre le centième anniversaire de la naissance de son héros et libérateur Nelson Mandela, avec comme invité de marque, l’ancien président américain Barack Obama. Nelson Mandela est l’incarnation d’un rêve « arc-en-ciel », toujours inachevé. Même 5 ans après sa mort, Nelson Mandela « Madiba » demeure une icône mondiale, en raison de sa lutte acharnée contre le régime raciste blanc de l’apartheid et son message de réconciliation, qui a pu éviter que le pays ne connaisse une vraie guerre civile.
Le mardi 17 juillet 2018, à la suite de l’ancien président américain Bill Clinton, le milliardaire philanthrope Bill Gates ou l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, Barack Obama, premier président noir des USA va prononcer l’allocation annuelle d’hommage à Nelson Mandela, allocution qui lancera plusieurs jours de festivités.
Pendant qu’il était en visite officielle en Afrique du Sud en 2013, Barack Obama avait pris un long moment pour saluer la bravoure de son « héros ». Il avait dit : « La lutte ici contre l’apartheid et pour la liberté, le courage moral de “Madiba”, la transition historique de son pays vers une nation libre et démocratique, m’ont édifié et édifié le monde entier ».
Anecdotes et éloges !
18 mois après le terme de son deuxième mandat en tant que président des USA, e l’ancien président américain va prononcer ce discours qui selon ses proches, est le plus important depuis qu’il a quitté la sphère politique américaine. Benjamin Rhodes, son conseiller a révélé au New-York Times que ce discours permettra à Barack Obama de livrer un message de tolérance, d’inclusion et de démocratie à un moment où l’héritage de Mandela est remis en question dans le monde ». Cela s’entend comme une allusion à Donald Trump qui fait systématiquement tout le contraire de ce que son prédécesseur a fait, surtout en ce qui concerne l’immigration et l’Afrique.
Avant que ce discours ne vienne, toute l’Afrique du Sud se prépare déjà pour fêter Mandela qui aurait eu 100 ans le 18 juillet : spectacles, expositions et compétitions sportives. On peut voir son visage souriant sur de nouveaux billets. La Fondation Mandela a publié un slogan : « Agissez, inspirez le changement, faites de chaque jour un jour Mandela ».
L’actuel président sud-africain, Cyril Ramaphosa ex-syndicaliste devenu homme d’affaires puis politicien a aussi joué sa partition en donnant la moitié de son salaire à un fonds de financement de micro-projets en vue de réduire la misère. Pour annoncer son geste, le chef de l’Etat sud-africain a dit : « En l’honneur de “Madiba”, en l’honneur de son engagement inconditionnel pour l’amélioration de la vie des couches les plus pauvres, beaucoup d’entre nous peuvent agir ».
Ceux qui ont côtoyé le prisonnier le plus célèbre du monde, Madiba qui a passé 27 années en prison ne tarissent pas d’éloges et rivalisent d’anecdotes. Frederik de Klerk, l’adversaire devenu partenaire avec lequel il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993, dernier président blanc d’Afrique du Sud a déclaré à l’AFP : « Nous avons eu des différends, c’est vrai ! Il arrivait que nous ayons de vives tensions ! Mais nous nous respections et ce respect s’est transformé en amitié personnelle. Il fut un homme bon et unique » !
Un héritage politique plus controversé !
Fuad Floris, ancien chauffeur et garde du corps de Madiba a mentionné que celui qu’il surnommé « Tata » était un homme simple et attentionné. Il a confié à l’AFP : « Quand ma fille a décroché son bac, tata lui a adressé une petite note de félicitation qu’il avait écrite de sa propre main. Quand il voyait des enfants, il devenait tout joyeux et oubliait même les consignes de sécurité, ça ne nous rendais pas la tâche facile ».
Même si Mandela en tant qu’être humain nous fait penser à des éloges tout de suite, c’est moins le cas avec son héritage politique. Malgré que l’apartheid ait été aboli il y a 25 ans, selon les statistiques de la Banque, l’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire du monde. L’économie du pays stagne, avec la misère qui règne toujours et toujours autant de tensions liées au racisme.
Frederik de Klerk avait dit : « Je suis sûr que si le président Mandela était encore en vie, la situation que traverse l’Afrique du Sud en ce moment l’inquiéterait beaucoup ». Pour certain, la cause de tout ceci serait les gestions des successeurs de Madiba, surtout Jacob Zuma qui a été président du pays de 2009 à 2018 avec une gouvernance caractérisée par la corruption.
Une minorité traite même Zuma de « traître », parce qu’il a prêché la modération envers les élites blanches, qui ont toujours sous leur contrôle pratiquement tous les leviers économiques du pays. Mtate Phaleka, un photographe noir de 19 ans, a déclaré à l’AFP : « Mandela s’est battu pour nous obtenir une liberté politique. Mais économiquement, nous sommes toujours colonisés ».
Source : Lemonde.fr
