Ainsi donc, Ibrahim Boubacar Keïta restera le président du Mali durant encore 1 mandat. Déjà hier, jeudi 16 août 2018, les partisans avaient commencé à célébrer la victoire. Pendant ce temps, les partisans de ses adversaires contestent les résultats. Ibrahim Boubacar Keïta, grand favori de cette élection s’était déjà démarqué lors du premier tour. Âgé de 73 ans, il régnera encore sur ce Mali en proie aux attaques djihadistes pendant les 5 prochaines années.
Au second tour de l’élection du 12 août 2018, il a recueilli 67,17 % des voix. Son adversaire, Soumaïla Cissé, un ancien ministre des Finances de 68 ans, a fini avec 32,83 % des voix. La Cour constitutionnelle a proclamé ces résultats hier, jeudi 16 août 2018, dans la matinée. Les observateurs l’avaient prédit, le taux de participation a décliné de 43,06 % au premier tour pour 34,54 % au second tour. Déjà le 13 août, le candidat de l’opposition avait contesté les résultats du second tour. Il avait demandé au peuple de se rebeller contre « la dictature de la fraude ».
Néanmoins, juste après l’annonce des résultats, le chef d’État français, Emmanuel Macron a adressé ses félicitations à IBK. Il a « réitéré l’engagement de la France à se tenir aux côtés des autorités et du peuple malien pour surmonter le défi de la lutte contre le terrorisme et favoriser l’investissement et le développement économique », souligne l’Élysée.
Appel à la mobilisation citoyenne pour l’opposition !
Aujourd’hui, M. Cissé a prévu de se prononcer. Néanmoins, Tiébilé Dramé, son directeur de campagne, avait mentionné que ces résultats « ne reflètent pas la vérité des urnes » et étaient le fruit d’un « trucage monstrueux ». M. Dramé a souligné : « Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques pour faire respecter le vote des Maliens ». Il prévoit de « déposer des recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler des résultats frauduleux dans certaines régions ».
Il a aussi précisé : « Nous lançons un appel vibrant à la mobilisation citoyenne ». Mais depuis, on ne note aucune réponse de la part du peuple face aux appels à la mobilisation de Soumaïla Cissé.
IBK avait remporté l’élection de 2013 avec 77,6 % des voix contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé. Une grosse mission attend désormais le président réélu qui commencera son nouveau mandat le 4 septembre. Il doit relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg. L’exécution de cet accord rencontre depuis des obstacles. Aussi, précisons que cet accord n’a en rien empêcher les foyers de tension de s’étendre depuis le nord jusqu’au centre du Mali et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.
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Le scrutin n’a pas passionné la population !
Du côté de la direction de campagne d’IBK, ses sympathisants étaient en liesse à l’annonce de la nouvelle. Ils se donnaient des accolades au son d’une musique électro reprenant en boucle le refrain : « IBK, président » ! À seulement 200 mètres de la direction de campagne d’IBK, se trouve celle de Soumaïla Cissé. Quant à ses partisans qui y étaient réunis, ils criaient : « C’est Soumaïla qui a gagné » ! Ali Coulibaly, un fonctionnaire, a dit : « Ces résultats sont une véritable farce » !
À Bamako, il était totalement impossible d’avoir une connexion Internet sur les réseaux mobiles. Les journalistes de l’AFP ont aussi mentionné qu’il y avait un nombre plus important de forces de l’ordre dans la ville.
Le peuple malien ne se sentait pas vraiment concerné par cette élection. Ce peuple en a plutôt assez de subir les attaques djihadistes incessantes. Et comme si cela ne suffisait pas, il y avait les violences intercommunautaires. Environ 50 % de la population du pays vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation continue de prévaloir malgré que le Mali soit de nouveau le premier producteur africain de coton, avec une croissance économique supérieure à 5 % depuis des années.
Des groupes djihadistes liés à Al-Qaida ont pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012. Mais grâce à une initiative du président français François Hollande, toujours en cours d’ailleurs, le Mali a pu repousser un peu ces groupes.
Un président de bureau de vote tué !
Malgré son bilan peu reluisant, Ibrahim Boubacar Keïta était très serein lors du second tour. C’est d’ailleurs ce qui a poussé l’opposition à l’accuser de fraude. 41,70 % pour IBK contre 17,78 % pour Soumaïla Cissé, au premier tour. En d’autres termes, IBK avait une nette avance sur son concurrent qui n’a pas réussi obtenir le soutien de toute l’opposition.
Soumaïla Cissé n’a cependant pas dit son dernier mot. Il insiste sur le fait qu’il rejettera une partie des résultats, surtout ceux de « plusieurs localités du Nord », où il y a eu « bourrage d’urnes », selon lui. Mardi dernier, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, avait exhorté « toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, tout en évitant les rhétoriques incendiaires ».
Le climat était bien plus calme au second tour de l’élection par rapport au premier tour, grâce à une plus forte mobilisation des forces armées. Dans le nord, près de Tombouctou, il y a eu le meurtre d’un président de bureau de vote. Les djihadistes seraient les coupables de cet assassinat. Enfin, seuls 490 bureaux sur 23 000 n’ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet.